Dans un monde idéal, l’eau ne serait pas un bien de consommation, mais comme notre ami le ruisseau dort encore dans une bouteille en plastique pour paraphraser Francis Cabrel, je vais vous présenter des choix d’eaux et d’eaux pétillantes un peu plus responsables puisque locales. Car, encore plus absurde que d’acheter une ressource qui nous est offerte gratuitement (ou presque) dans un contenant fabriqué à partir de gaz naturel et de pétrole, il y a:
1. Acheter de l’eau qu’on aura fait voyager outre-Atlantique alors que le Québec possède 3% des réserves mondiales d’eau douce renouvelable.
→ Marques populaires visées: Fiji, Evian, Perrier (Nestlé) et San Pellegrino (Nestlé)
2. Racheter aux multinationales Coca Cola et Pepsico, l’eau de notre aqueduc municipal qu’elles auront refiltrée et embouteillée.
PepsiCo utilise chaque année quelques 500 millions de litres d’eau de la ville de Montréal pour remplir ses bouteilles Aquafina (et boissons gazeuses) au prix de 0,001$ le litre Source — leur eau en bouteille se détaille à 2-3$/L.
→ Marques populaires visées: Aquafina (PepsiCo) et Dasani (Coca Cola)
3. Acheter à une multinationale étrangère notre propre eau de source.
Le Canada est un véritable bar open pour les entreprises d’embouteillage. En Ontario, Nestlé trouve injuste la restriction gouvernementale de ne puiser qu’1,13 million de litres par jour… et ce, même durant les sécheresses estivales — périodes durant lesquelles la population doit, selon la loi, restreindre sa propre consommation d’eau. Ce scénario est monnaie courante pour Nestlé. À l’heure actuelle, alors que la Californie connait sa pire sécheresse depuis 500 ans, l’entreprise continue de puiser d’énormes volumes d’eau à partir de l’aqueduc municipal de Sacramento.
En Colombie-Britannique, l’usine de Nestlé peut puiser 265 millions de litres par année sans avoir à verser de redevance. Seul un «frais d’administration» de 2,50$ par million de litres puisés sera demandé dès 2016. Si cette annonce en a révolté plus d’un, le gouvernement se dit fier: “BC has never engaged in the selling of water as a commodity.” Source Honorable principe en théorie, mais une multinationale des plus controversées, faisant des dizaines de milliards de profit par année, va s’en charger pour ses propres intérêts. Précisons que le gouvernement n’est pas là pour faire des profits avec l’eau; il est là pour protéger la ressource. Ainsi, une redevance (ou un frais d’administration) plus élevé permettrait de couvrir les coûts sociaux et environnementaux (gestion, cartographie hydrogéologique, conservation de l’eau), financer la recherche et l’innovation, et faire de l’éducation (mise en valeur, conscientisation).
Si l’Ontario semble faire bonne figure avec ses 503,71$ par million de litres d’eau, notons que l’entreprise Fiji Water paie des redevances de 60 000 à 80 000$ US par millions de litres d’eau puisée au gouvernement fidjien! Source
Mais la situation n’est en rien comparable à celle des pays où l’eau se fait plus rare. À Bhati Dilwan, au Pakistan, l’usine de Nestlé a tellement puisé de grands volumes d’eau qu’elle a contribué à la baisse du niveau de la nappe phréatique de la région, rendant les puits du village voisin inutilisables. Ce village a déposé en 2009 une pétition à Nestlé Pakistan afin d’avoir accès à l’eau potable comme auparavant. Cette pétition est demeurée sans réponse jusqu’à ce que le documentaire Bottled Life (2012) dénonce la situation. Prévue pour 2012, leur installation d’eau potable a finalement été complétée à l’été 2014. Entre temps, les habitants de Bhati Dilwan ont fait de leur mieux pour éviter les agents pathogènes en faisant bouillir l’eau qu’ils trouvaient. À noter que les bouteilles d’eau Nestlé sont abordables au Pakistan que pour les classes plus aisées.
→ Marques populaires visées: Nestlé Pure Life & MONTCLAIR (Nestlé)
Propriétés Hors-Québec
Propriétés Hors-Québec
Aquafina (PepsiCo)
Eau traitée déminéralisée
Sièges sociaux:
Purchase, NY, É.-U. (PepsiCo)
Mississauga, ON (PepsiCo Canada)
Source et embouteillage pour le Québec (et les Maritimes): Aqueduc de Montréal
Dasani (Coca Cola)
Eau traitée reminéralisée
Sièges sociaux:
Atlanta, GA, É.-U. (Coca Colas Inc.)
Toronto, ON (Coca Cola Canada)
Source et embouteillage pour le Québec: Aqueduc de la ville de Brampton, ON
Nestlé Pure Life (Nestlé)
Eau de source filtrée
Sièges sociaux:
Vevey, Suisse (Nestlé)
Guelph, ON (Nestlé Waters Canada)
Source et embouteillage pour l’Est du Canada: Aberfoyle (Guelph), ON
MONTCLAIR (Nestlé)
Eau de source naturelle
Sièges sociaux:
Vevey, Suisse (Nestlé)
Guelph, ON (Nestlé Waters Canada)
Source et embouteillage pour l’Est du Canada: Aberfoyle (Guelph), ON
Evian (Danone)
Eau de source naturelle [importée].
Siège social:
Évian-les-Bains, France
Source et embouteillage:
Évian-les-Bains (Alpes française), France
ESKA (Eaux vives water)
Eau de source naturelle
Siège social:
Toronto, ON
Actionnaire majoritaire:
Morgan Stanley strategic investments (New York, É.-U.)
Source et embouteillage: Saint-Mathieu-d’Harricana (Abitibi), QC
Naya (Les Eaux Naya)
Eau de source naturelle
Siège social:
Montréal, QC
Actionnaire majoritaire:
Laurentians Acquisition Corporation (Toronto, ON)
Source et embouteillage: Mirabel, QC
Labrador (AquaTerra)
Eau de source naturelle déminéralisée
Siège social:
Mississauga, ON
Bureau des ventes et distribution régionale:
Anjou, QC
Source et embouteillage pour le Québec:
Athelstan (Montérégie), QC et Nicolet (Centre-du-Québec), QC
Sources du Québec utilisées pour l'embouteillage
Sources du Québec utilisées pour l'embouteillage
100% Québécoises
100% Québécoises
Amaro
Eau de source naturelle et eau de source déminéralisée
L’entreprise familiale québécoise débute modestement ses opérations en 1972 pour devenir l’une des plus importantes compagnies d’embouteillage d’eau de source naturelle au Québec.
Source, embouteillage et siège social:
Saint-Cuthbert (Lanaudière), QC
Autres marques québécoises (distribution régionale)
Alternatives vertes
Alternatives vertes
L’étiquette de pureté accolée à l’eau en bouteille est très bien collée — l’oeuvre d’un excellent travail marketing comme on peut le voir avec cette vidéo.
Mais qu’y a-t-il de si pur et naturel dans une bouteille d’eau?
– Certainement pas son cycle de vie. Pour arriver jusqu’à vous, une bouteille d’eau d’un litre a nécessité 1/4 de litre de pétrole (fabrication de la bouteille, transports) et 2 litres supplémentaires d’eau (assainissement, embouteillage). Si la bouteille est chanceuse, elle termine sa vie au centre de tri et revit partiellement sous une autre forme. Sinon, elle prend un minimum de 450 ans avant de se décomposer.
– Son eau? Selon Santé Canada, les normes de qualité qui s’appliquent à l’eau embouteillée et à l’eau municipale sont similaires. Similaires peut-être… tant que l’on ne compare pas la fréquence à laquelle les tests de qualité sont effectués! L’Agence canadienne d’inspection des aliments (qui relève de Santé Canada) procède à l’inspection des usines d’eau embouteillée canadiennes, qu’une fois tous les trois ans. Le reste du temps, les tests sont laissés entre les mains des entreprises d’embouteillage et leurs résultats n’ont pas à être rendus public.Source Au Québec, la règlementation est plus sévère: Nul ne peut embouteiller une eau, vendre ou distribuer une eau embouteillée si celle-ci ne répond pas aux normes qualitatives et aux conditions de production ou de distribution des eaux prévues dans ce règlement. Les tests sont effectués à chaque année en présence d’un représentant du Ministère et l’entreprise est tenue d’inscrire sur ses étiquettes des informations détaillées telles le type d’eau, sa provenance et sa concentration en sels minéraux et autres éléments chimiques.
Quant à l’eau des municipalités, les tests sont effectués de manière continue, 7 jours sur 7 et en cas de contamination, un avis est émis sur le champ.
Alternative à la maison
Si le système d’aqueduc de votre municipalité laisse à désirer ou que l’eau de votre puit est contaminée, ne vous résignez pas à acheter de l’eau en bouteille jusqu’à la fin de vos jours. Faites plutôt pression sur vos élus. On se doit de veiller sur la qualité de notre eau et de s’assurer qu’elle demeure une ressource commune partagée. Car là où il y a des réseaux d’aqueduc déficients, arrive «en sauveur» des usines d’embouteillage comme Nestlé profitant de la situation en vous vendant une ressource essentielle à fort prix.
Si l’eau de votre robinet goûte le chlore, laissez-la reposer quelques heures au frigo; il s’évaporera. Sinon, les filtres Brita, Santevia & OVOPUR font bien ce travail en plus de réduire la concentration de plomb, de mercure et de cadmium pouvant être présents dans l’eau.
Alternative à l’extérieur
Pensez à apporter votre bouteille d’eau avec vous lorsque vous sortez, mais pas n’importe laquelle! Vous pourriez être tenté de réutiliser vos bouteilles de plastique vide afin de leur donner quelques vies supplémentaires, mais Santé Canada ne le recommande pas. Une bouteille mal séchée et laissée à la chaleur favorise la croissance de bactéries.
De plus, le plastique n’est pas un matériau inerte. Il peut donc interagir avec son contenu et y libérer des métaux lourds et substances chimiques. Penchez plutôt vers le verre ou l’acier inoxydable. L’entreprise québécoise aquaovo propose de superbes bouteilles en verre avec étui protecteur en silicone. Les plus aventuriers apprécieront la bouteille ALTER EGO permettant de filtrer votre eau à partir de sources plus ou moins recommandables.
Aussi, pensez à demander plus de fontaines publiques dans votre quartier et les lieux que vous fréquentez.
Eaux pétillantes
Eaux pétillantes
Voici quelques alternatives locales à la populaire eau pétillante de Nestlé et aux eaux Perrier et San Pellegrino, toutes deux propriétés de Nestlé également, qui traversent l’Atlantique pour satisfaire une vieille habitude de consommation.
Eau minérale naturelle gazéifiée
Eau minérale naturelle gazéifiée
SAINT-JUSTIN
Saveurs: Naturelle, citron
Siège social:
Montréal, QC
Source et embouteillage:
Saint-Justin (Mauricie), QC
MONTELLIER
Saveurs: Naturelle, citron, lime pamplemousse, clémentine
Siège social:
Sources Coulombe Inc, Québec, QC
Source:
Sainte-Brigitte-de-Laval, QC
Abénakis
Taux hautement élevé en minéraux
Siège social:
Breuvages Bull’s Head, Richmond, QC
Source et embouteillage:
St-François du Lac (Centre-du-Québec), QC
Eau de source gazéifiée
Eau de source gazéifiée
eska
Saveurs: Naturelle, citron, orange, canneberge
Siège social:
Toronto, ON / propriété de la banque d’investissement Morgan Stanley, NY
Source et embouteillage:
Saint-Mathieu-d’Harricana (Abitibi), QC
Saint-Élie
+ marques maisons de Métro, Proxim et Uniprix
Saveurs: Naturelle, citron/lime et fraise/framboise
Siège social:
Montréal, QC
Source et embouteillage:
Saint-Elie-de-Caxton (Mauricie), QC
Gagnant du prix de la meilleure eau gazéifiée à boire en Amérique du Nord en 2012.
Eau de source vs eau minérale
Toutes deux proviennent d’une source souterraine. L’eau de source contient moins de 500 ppm (parties par million) de minéraux dissous. L’eau minérale contient plus de 500 ppm de minéraux dissous. Toutes deux peuvent être plates ou pétillantes.
Les eaux minérales contenant plus de 600 ppm de bicarbonate (HCO₃) favorisent la digestion.
* Les Sources Saint-Élie embouteillent aussi les marques maisons de Métro (Selection), Proxim et Uniprix (Option+).
Alternatives vertes
Alternatives vertes
Si vous êtes de grand consommateur d’eau pétillante, l’achat d’une machine à soda (machine gazéifiante) pourrait être économique en plus d’être écologique. Si dans votre foyer, vous avez l’habitude de boire 2-3 bouteilles par semaine, vous rentrerez dans votre argent au bout de 2 ans avec la populaire machine SodaStream ou Drinkmate.
Pour les buveurs occasionnels, il est préférable d’opter pour les bouteilles en verre versus celles en plastique. Dans une bouteille de verre hermétique, l’eau se conserve 2 ans sans que sa qualité et son goût ne soit altéré. De plus, le verre est recyclable à 100 % et ce, à l’infini.