D’où vient la bière d’épinette?

Les Autochtones avaient pour habitude de faire bouillir les branches d’un conifère appelé annedda. On ignore toujours si cette tisane qui a guéri Jacques Cartier du scorbut était faite de thuya (cèdre blanc), de sapin baumier, de pruche ou d’épinette. C’est sans doute inspiré par cette décoction que dès 1617 à Québec, les premiers colons officiels de la Nouvelle-France, Louis Hébert (apothicaire, guérisseur et agriculteur) et sa femme Marie Rollet (enseignante, infirmière), brassaient leur «petite bière» (bière d’épinette) pour leur consommation personnelle.

Populaire en Nouvelle-France comme en Acadie, la recette, essentiellement faite d’eau, d’épinette, de sucre (ou mélasse) et de levure, a ensuite profité aux Anglais dès l’époque de la Conquête. «À l’hiver 1760, chaque quartier de l’armée britannique devait s’approvisionner de manière à fournir deux pintes de bière chaque jour pour chaque soldat.» ^Source

Plusieurs brasseries dont Molson ont, au gré de la demande, commercialisé leur bière d’épinette, mais bien des familles québécoises préféraient la préparer elles-mêmes. La baignoire servait souvent de récipient afin de brasser le tout. Elles l’embouteillaient ensuite et laissaient le mélange fermenter quelques jours à la chaleur; jusqu’à ce que le bouchon des bouteilles «pop» sous la pression. Ça voulait dire que la boisson était prête. ^Source

Aujourd’hui, la Bertrand est la plus vieille marque de bière d’épinette encore vendue. Brassée artisanalement depuis plus d’un siècle, elle a d’abord été servie aux clients du restaurant montréalais Émile Bertrand, puis chez Paul Patates dans Pointe-Saint-Charles lorsque le Émile Bertrand a fermé ses portes. Vendue uniquement sur place car elle nécessite une réfrigération constante, elle est l’une des rares bières d’épinette qui obtient son effervescence entièrement par fermentation de levure.

Suite à la fermeture du snack Émile Bertrand, son propriétaire et Paul Patates ont mis au point une version plus stable et donc, commercialisable à travers le Québec: la Émile. Celle-ci est un peu plus sucrée et plus gazeuse (30% d’eau pétillante y est ajouté); un excellent compromis pour un goût quasi-authentique.

 

Bière d’épinette Bertrand

Montréal
Ingrédients: Eau, sucre, levure, huile d’épinette.

Notes: Parfaitement dosée. Peu sucrée et goût de levure agréable. 9.5/10

Recette authentique depuis 1898. En vente seulement chez Paul Patates.
bieredepinette.ca

 

 

 

Bière d’épinette Émile

Montréal
Ingrédients: Eau, eau pétillante, sucre, huile d’épinette, levure, bicarbonate de soude.

Notes: Petit frère de la Bertrand en un peu plus sucré. Goût léger de levure. 9.5/10
bieredepinette.ca

 

 

 

Bière d’épinette des années 50

Saint-Anne de Soreil (Montérégie)
Ingrédients: Eau, essence d’épinette, levure, sucre, bicarbonate de soude

Notes: Rafraîchissante, peu sucrée, bien balancée. 8/10

 

 

 

 

LA BÉ MONDIALE

St-Jean-sur-Richelieu (Montérégie)
Ingrédients: Eau, sucre, huile d’épinette, levure, carbonate.

Notes: Fort goût de levure, moyennement gazeuse et peu sucrée. 7/10

 

 

 

 

 

La P’tite bière d’épinette – Épinette noire

Montréal
Ingrédients: Eau minérale naturelle, sucre de canne biologique, branches d’épinette noire, levure.

Notes: Saveur d’épinette prononcée avec un petit goût floral. Trop peu sucrée; on a l’impression de boire une eau pétillante. Plaira à certains. 6/10

Aussi disponible ÉPINETTE BLANCHE et SAPIN BAUMIER
laptitebiere.ca

 

 

Sans aucune levure (fermentation)

Plusieurs entreprises ont troqué la levure pour de l’eau gazeuse afin de faciliter leur production et avoir un produit plus stable et uniforme.

Soda Marco – Bière d’épinette

Beauharnois (Montérégie)
Ingrédients: Eau gazéifiée, sucre de canne, acide citrique, essences naturelles (épinette, levure), sorbate de potassium, benzoate de sodium.

Notes: Ne vous laissez pas avoir par le branding rétro qui mentionne «Depuis 1956»; il ne s’agit pas de la bonne vieille bière d’épinette Marco dans de grosses bouteilles avec un bouchon à charnière. L’entreprise a été rachetée et la recette modifiée. Celle-ci ne contient pas de levure et son pétillant tombe rapidement à plat. 7/10

 

Bière d’épinette Sélection (Métro)

Ingrédients: Eau gazéifiée, sucre/glucose-fructose, acide citrique, benzoate de potassium, arôme naturel et artificiel, gomme acacia, extrait de quillaia, acétate isobutyrate de sucrose, huile de soya bromée, acide phosphorique.

Notes: Beaucoup trop d’ingrédients, trop sucrée, mais bon goût au final. 7/10
metro.ca

 

 

 

ÉPINETTE d’Henri Soda

Montréal
Ingrédients: Eau gazéifiée, sucre de canne biologique, essence d’épinette biologique, acide citrique.

Notes: Goûte trop peu l’épinette. Trop sucrée et manque d’acidité. Le sucre laisse une sensation poudreuse. 5/10
henrisodas.com

 

 

 

La Belle Époque

Saint-Lin (Laurentides)
Ingrédients: Eau, benzoate de sodium, sorbate de potassium, sirop glucose-fructose, acide citrique, arômes type bière épinette, eau gazéifiée.

Notes: Faux goût d’épinette, trop sucrée, manque d’acidité, pas assez pétillant. 0/10

 

 

 

Gin de mononcle – Bière d’épinette

Montréal
Ingrédients: Eau gazéifiée, gin, sucre de canne, acide citrique, arôme naturelle, sorbate de potassium, benzoate de sodium.

Notes: Imaginez un 7 Up rendu un peu flat auquel on aurait ajouté du Pine-Sol et du Monsieur Net. 1/10